Le Léopoldville

24 Décembre 1944 : un  Noël tragique

C’est dans la Manche, au large de Cherbourg, que repose la plus belle épave de Normandie : le  paquebot Léopoldville.
Fin 1944,  à l’Est, les alliés sont pris par l’hiver et la neige. Sur nos côtes, les Allemands retranchés dans les bases sous-marines forment les dernières poches de résistance. Les régiments américains se succèdent pour tenter de les déloger. C’est ainsi que la 66é division US embarque la veille de Noël sur le Léopoldville, paquebot de croisière de la Compagnie Maritime Belge transformé en transport de troupes comme l’Albertville qui coula  sous les falaises  d’Octeville  lors de l’évacuation du Havre en juin 1940. A 9 heures 2235 soldats sont embarqués dans le plus grand chaos, la chaine de commandement étant désorganisée  pour cette courte traversée effectuée déjà 24 fois.
A 17 heures 30, dans une mer déchainée, le sous-marin Allemand U 486 se positionne au large de Cherbourg,  tel un félin attendant sa proie. Dans son périscope, une silhouette se dessine : c’est un gros navire. Une fois à portée de tir, une torpille est lâchée. Elle fera mouche sur l’ arrière tribord. Sous le choc, environ 300 soldats périssent soit  par l écrasement des  tôles, soit par noyade, l ‘eau envahissant les cales rapidement. L’ordre d’évacuation est donné, des messages de détresse sont envoyés à destination de l’Angleterre et de la France mais les navires sauveteurs mettent du temps à arriver. Le destroyer canadien  HMS Brillant se rapproche et se met à couple. Dans cette tempête, le navire cogne durement sur la coque, les haussières se cassent une à une, c’est la panique générale. Les ordres étant donnés en Français, bon nombre de soldats ne comprennent  pas la gravité de la situation ne métrisant pas la langue. Malgré le froid et une eau à 8 degrés, les malheureux soldats sautent à l’eau. Le  paquebot mettra plus de deux heures à couler. Les secours arrivant dont l’abeille 21 et quelques navires de pêche récupèrent quelques survivants et bon nombre de noyés.
Le naufrage  fit 763 morts et 493 disparus. Pour ne pas user le moral des troupes et ne pas en informer l’ennemi, les alliés imposèrent le silence de cette tragédie. Ce n’est que dans les années 1958/59 que les archives du naufrage furent déclassifiées. Et ce n’est qu’en 1980 que l épave fut localisée.
La plongée
Le 31 juillet 2001, un arrêté maritime soumet toutes plongées à une autorisation préalable des autorités cherbourgeoises et la surveillance CROSS est obligatoire. L’épave étant classée  » Bien culturel « .
La plongée sur le Léopoldville est une bien belle aventure par sa taille, son emplacement et son état de conservation. L’épave ne se laisse pas facilement aborder. Le courant est omni présent sauf lors des marées de mortes eaux et à l’étale. Le mastodonte d’acier se découvrira par de bons nombres de plongées vu sa taille: 153 mètres de long pour 19 mètres de large, le haut de l’épave étant vers les 40 mètres et l’hélice à 58 mètres par marée basse.

Après un descente d’une quarantaine de mètres dans une eau glauque et chargée de particules, une ombre se dessine il est là ! Dans la lumière de nos phares, nous apercevons les formes de ce monstre d’acier la présence de quelques bars et vieilles nous ramène à notre exploration. Il ne faut pas trainer, les minutes sont précieuses. Parcourant les coursives, nous arrivons sur la poupe ou le canon de 127 mm et l’anti aérien  pointé vers le ciel semblent nous attendre. Mais il est temps de remonter, il y a du palier à faire ! La visite de l’hélice sera pour une autre fois.
Sources : Récit tiré du recueil des frères David  et de Yves Marchand. Un steamer Belge devant Cherbourg. Wrecksite et le Web
Textes Thierry Desprez
Photos Nicolas Job

   

 

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