La mer perd son ministère

Exit Annick Girardin, deux ans de travail pour rien

Les enjeux du secteur maritime ne semblent pas être la priorité du gouvernement. Moins de deux ans après la création du Ministère de la mer avec Annick Girardin, il a suffi d’une élection présidentielle pour doucher les attentes des acteurs du maritime qui ont, un court instant, cru à une meilleure écoute.
Article du Marin publié  le 20/05/2022 et mis à jour 23/05/2022 :
Le secrétariat d’État à la Mer, qui le remplace et est confié à Justine Benin, est directement rattaché à la Première ministre, Élisabeth Borne. La diplômée de droit social est depuis 2012 députée de Guadeloupe. Justine Benin, 47 ans, siège en tant qu’apparentée au sein du groupe du Mouvement démocrate (Modem) et a notamment été rapporteuse de la commission d’enquête parlementaire menée en 2019 sur la pollution au chlordécone aux Antilles.
Pour la première fois élue lors des municipales de 2008, Justine Benin a successivement été conseillère générale de la Guadeloupe, conseillère régionale – elle a été troisième vice-présidente de la région de Guadeloupe entre 2015 et 2020 – puis conseillère départementale (2015-2017). C’est la première fois qu’elle est nommée à une fonction gouvernementale. Sa nomination dans un contexte politique difficile pour la majorité présidentielle outre-mer doit être analysée aussi d’un point de vue politique, avec l’idée d’un coup de pouce pour sa campagne législative en Guadeloupe.
Elle travaillera étroitement avec l’ex-ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, 36 ans, nommée ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, en charge des transports même si cet intitulé ne figure dans aucun portefeuille. Dans l’attente des décrets d’attribution, si l’organisation reste la même que dans le précédent gouvernement, elle pourrait avoir sous sa responsabilité la gestion des ports, tandis que le transport maritime serait rattaché au secrétariat d’État à la mer. Les deux femmes mèneront la politique de planification écologique pilotée par la Première ministre Élisabeth Borne et appelée de ses vœux par Emmanuel Macron.
Questions sur le SG Mer et la tutelle de la DGAmpa
« Le retour d’expérience du ministère de la Mer nous a poussés à demander une plus forte capacité d’arbitrage car la mer est transverse sur plusieurs ministères, estime le président de la CFE-CGC Marine, Pierre Maupoint de Vandeul, réagissant à chaud à la nomination de Justine Benin. C’est donc selon nous une bonne chose de la placer en secrétaire d’État rattachée directement à la Première ministre. »
La question est aussi de savoir si le secrétariat général à la mer (SG Mer), directement rattaché à Matignon lui aussi, continuera dès lors sous cette forme. Autre question de taille : un secrétariat d’État n’a pas, dans l’architecture gouvernementale, autorité sur l’administration, autorité réservée au ministère de tutelle, soit Matignon désormais. Difficile d’imaginer que le poste de Premier ministre – qui ne contrôle que les secrétariats généraux (type SG Mer ou secrétariat général aux affaires européennes) en direct et aucune grande direction générale – se retrouve soudain avec la tutelle de la nouvelle direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquaculture (DGAmpa) qui constituait le socle du feu ministère de la Mer.
« Nous nous rapprocherons de Justine Benin et certainement du Premier ministre pour comprendre le poids de la pêche et de la mer au sein du nouveau gouvernement », a indiqué le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins. Des promesses en quelque sorte…

 

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